J’avais rencontré Yves (Les Vergers du Puits) lors d’une vente de la Ruche qui dit oui de mon quartier. Outre ses fruits délicieux, sa démarche m’avait parue particulièrement intéressante, surtout quand on a abordé la transformation de ses fruits en jus et nectars. Passant dans son secteur, je lui ai rendu une petite visite. Passionnant. Merci à Yves et Anne de m’avoir accueillie si chaleureusement et avec simplicité.
Yves est un enfant du pays (précisément du village de Bren dans la Drôme, au Nord Est de Romans) ayant repris l’exploitation familiale. Anne, son épouse vient d’Israël.
Les 30 hectares de la propriété se répartissent de la manière suivante : 16 ha de noyers, les noix
étant en partie transformées en huile de noix au moulin Rognin à St Michel-sur-Savasse
où tout se fait de manière traditionnelle et surtout chaque producteur est sûr que ce sont bien ses propres noix qui sont transformées et non celles du voisin, indispensable quand on est en bio.
A cela s’ajoute 10 h d’abricots, non certifiés bio, même si Anne et Yves n’utilisent plus qu’un produit de synthèse par an
moins d’un hectare d’amandiers,
moins d’un hectare de fraises et moins d’un hectare de cerises.
Depuis plusieurs années, Anne et Yves se sont détournés du système coopératif (trop de contraintes : calibrage des fruits, vente en supermarchés…) pour se tourner de plus en plus vers la vente directe.
Cela correspond aussi à la période où ils sont passés en bio (3 années de conversion avec inspection annuelle). C’est en fait la première année qu’ils sont véritablement en agriculture biologique.
Cette vente directe passe aussi par un système de groupements de consommateur. A l’époque de la mise en place de ce système, le constat était le suivant : on donnait 0,57 €/kg à Yves pour ses fruits parfaitement mûrs alors que les consommateurs les payaient 5€ en grandes surfaces ou ailleurs … cherchez l’erreur!). Des consommateurs se sont regroupés et passent commande (700 kg, voire 1 tonne souvent). Yves livre et tout le monde est satisfait de ce circuit court.
Pour chaque fruit et chaque variété, la lucarne de vente est d’une dizaine de jours pas plus. Le fruit est vendu parfaitement mûr, Anne et Yves se refusant à stocker en frigo. Cela signifie l’aide de main d’oeuvre extérieure (20 personnes pour les abricots, 3/4 personnes pour les cerises) et cela veut dire aussi, chercher et trouver toujours de nouvelles variétés (échelonner la production d’un même fruit selon les variétés), gérer l’irrigation, indispensable sur ces terrains sablonneux, les maladies, une météo capricieuse (la pluie par exemple fragilise les fleurs..), élaguer plutôt que tailler, préférer les variétés à floraison tardive moins gélive etc….
L’un des problèmes par exemple avec la cerise est l’attaque d’une mouche qui a la mauvaise habitude de pondre à l’intérieur des fruits. Pour lutter contre cet insecte Anne et Yves pulvérisent sur les arbres de l’argile certifiée AB pour « tromper » les mouches. Des traces d’argile peuvent être présentes sur les cerises, il suffit de les rincer pour les éliminer. Vous avez la solution à la question posée dans le titre. Il s’agit tout simplement de la trace de la pulvérisation de kaolin.
A gauche fruits avec kaolin, à droite fruits rincés
Une partie de la production de fruits est transformée en jus et nectars. La démarche est intéressante : Yves fait presser ses fruits en Ardèche du Nord, chez Nectardéchois, une société coopérative d’intérêt collectif, un atelier artisanal. Comme pour le moulin Rognin, Yves est sûr de repartir avec les jus de ses propres fruits. L’occasion d’un autre reportage, pourquoi pas?
Si vous passez dans le secteur, arrêtez-vous, vous ne le regretterez pas. Vous aurez la certitude de repartir avec des fruits mûrs à point, à la saveur incomparable.
Où trouver les fruits des Vergers du Puits? :
- les mercredi à la Ruche qui dit Oui de Lyon-Perrache
- le samedi matin au marché de St Donat
- au magasin de producteurs : La Musette de Valentine à Bourg-les-Valence
- en rejoignant un groupement de consommateurs (déjà à Bourg-en-Bresse, St-Véran ou Montceau-les-Mines)
- sur place, à Bren
